Effectuant l'essentiel de sa carrière dans son Tessin natal, région italophone faisant partie du territoire suisse et située à l'écart des grands foyers artistiques lombards du XVIIIe siècle, Petrini se rattache pourtant à cette dernière école. Auteur de grands tableaux d'autels, de portraits ou de sujets de dévotion, il est surtout connu par plusieurs séries de demi-figures de saints et de prophètes qui renvoient à des effigies semblables de philosophes peints par Ribera et Solimena. Vu de face, en raccourci devant un fond neutre, la tête reposant sur les deux mains croisées sur un livre, un vieillard à barbe blanche est couché sans que l'on puisse être certain s'il est ou non éveillé, ni même décider de son identité : serait-on en présence du prophète Jacob ou de saint Jérôme plutôt que de saint Pierre ? Placé au centre, son crâne chauve est la partie la plus lumineuse de la toile. La force de la composition, peinte vers 1730, repose avant tout sur l'utilisation d'un éclairage faisant surgir de l'obscurité des formes sculpturales, dans un ultime souvenir du caravagisme, l'intensité dramatique n'excluant pas le raffinement des couleurs et de l'exécution.