Avec le don de cette croix peinte, la collection de peintures italiennes du musée, peu abondante pour le Duecento, s'est enrichie d'un exemple de qualité, parvenu jusqu'à nous dans un remarquable état de conservation.
Croix peinte du Maître de San Francesco
Auteur d'un tableau figurant saint François d'Assise (Assise, Santa Maria degli Angeli) autour duquel furent regroupés fresques et panneaux, le Maître de San Francesco est l'une des personnalités les plus attachantes de la peinture ombrienne du troisième quart du XIIIe siècle, dont le principal mérite est d'avoir su proposer une relecture très personnelle et raffinée des modes byzantinisants de ses prédécesseurs, tel Giunta Pisano. On connaît deux autres croix peintes de la même main, lune de taille et de structure comparables (Londres, National Gallery), l'autre, monumentale, datée 1272 (Pérouse, Galleria Nazionale dell'Umbria). Le tableau du Louvre est antérieur à ces deux oeuvres, d'une inspiration plus dramatique, d'une écriture plus incisive et tourmentée. Produites en grand nombre à la fin du XIIIe siècle entre Pérouse et Assise, peut-être parce que manquaient sur place des ateliers d'orfèvrerie, les croix de petites dimensions comme celles de Paris et de Londres pouvaient, semble-t-il, combiner les fonctions de crucifix processionnel les jours de fête, de retable dressé sur l'autel le reste de lannée, voire de reliquaire pour certaines d'entre elles.