Créé vers 1835, le modèle de la Nymphe au scorpion était resté dans l'atelier de Bartolini ; c'est certainement là que Charles de Beauvau en fit la commande pour la galerie de sculpture qu'il rêvait de créer dans son château d'Haroué. Demeurée à Haroué depuis son acquisition avant 1844, cette Nymphe au scorpion présente un épiderme dont la fraîcheur exceptionnelle ne fait que souligner les raffinements du travail de Bartolini. Virtuose du marbre, Bartolini créa une oeuvre qui se rattache autant à l'art italien qu'à l'art français. Ce fut d'ailleurs, aux dires de Baudelaire, le « morceau capital du Salon de sculpture » de 1845. La beauté de la ligne, qu'on a pu rapprocher de celle d'Ingres, ami de Bartolini* et comme lui grand amateur de musique, ne trahit en rien la justesse de l'observation sur le modèle vivant.
* voir son portrait par Ingres (coll. Beistegui, Aile Sully, 2e étage, salle A).