Ni le Louvre, ni les musées français en général, ne possédaient de tableau bruxellois de David avant l'entrée dans les collections nationales du Portrait de Juliette Blait de Villeneuve (1802-1840), fille d'Honorine Clary (1769-1843) et nièce des plus célèbres Julie et Désirée Clary. On sait que Julie (1771-1845), épouse de Joseph Bonaparte, devint reine de Naples puis reine d'Espagne et que Désirée (1777-1860), épouse du général puis maréchal Bernadotte, devint reine de Suède et de Norvège. Après Waterloo, la reine Julie, installée à Bruxelles, y tint un salon que fréquentait David.
Peint au cours du printemps et de l'été 1824, il s'agit du dernier tableau de David. Le portrait de Juliette fut payé 6 000 francs à l'artiste, somme importante puisque celui-ci avait reçu 4 000 francs trois ans auparavant pour le double portrait des Princesses Zénaïde et Charlotte Bonaparte, les filles de Joseph et Julie (Malibu, Getty Museum).
Si les tableaux d'histoire peints par David à Bruxelles ont été, et sont encore, diversement jugés, ses portraits sont unanimement admirés et certains comptent parmi ses plus hautes créations. Le portrait de Juliette de Villeneuve, exceptionnellement en pied, allie la formule du grand portrait d'apparat et celle du modèle dans un cadre familier vaquant à ses occupations : la jeune fille, en robe d'été, son châle d'indienne sur un fauteuil, son chapeau de paille accroché à un pupitre à musique, accorde sa harpe en un geste élégant mais plein de naturel. Il contient tout ce qui fait le prix et la saveur des oeuvres bruxelloises du peintre : la force dépourvue de concession dans le traitement du visage d'une jeune fille privée de charme réel mais d'avenante expression, la qualité de l'exécution des morceaux magnifiquement peints, meubles, étoffes, surtout le large chapeau de paille blonde. Il mérite au premier rang d'entre eux le nom de chef-d'oeuvre par l'ambition dont témoignent ses proportions monumentales, l'autorité de la construction, l'audacieuse puissance des couleurs au strident accord turquoise, or et violine que le noir de la robe, le gris du fond et les blancs finement modulés viennent tempérer. David donne ici pour la dernière fois la preuve de son génie, et nous montre une force créatrice intacte.
La toile restée dans la famille du modèle, ne fut exposée à Paris qu'à deux reprises, en 1936 et en 1950, mais jamais reproduite demeurant ainsi pratiquement inconnue.
Portrait de Juliette de Villeneuve
Auteur
Jacques-Louis DAVID
Techniques/Materiaux
Toile.
Dimension
H. 1,98 m ; L. 1,23 m.
Période
Date de l'oeuvre
1824
Département de l'oeuvre
Localisation aile
Localisation salle
1er étage, salle 75
N° inventaire
RF 1997-5
Date d'acquisition
1997
Prix de l'oeuvre
Participation majoritaire de 19 500 000 F