Dans le monde islamique, les plaques à décor ajouré pouvaient servir de décor de porte, mais on ne peut exclure que certaines d'entre elles aient également servi de partie d'étendard de procession ('alam). La production des plaques d'acier à décor ajouré similaires à celle que vient d'offrir au Musée la Société des Amis du Louvre s'étend sur une longue période, depuis le début du XVIe siècle jusqu'au XVIIIe siècle. La plaque du Louvre est réputée appartenir à une série de cinq plaques en formes de mandorles (et une sixième en forme de cartouche), provenant d'une collection privée et aujourd'hui dispersées. L'une d'entre elles, aujourd'hui conservée à Toronto, porte la date de 1564-5 et nous permet de dater la plaque du Louvre. Cette plaque à décor ajouré présente une forme de mandorle polylobée issue des arts du livre, en particulier des pages enluminées et des reliures de la fin du XVe siècle et du XVIe siècle. Le décor épigraphié en thuluth, une calligraphie monumentale, est reprise de l'art des ornemanistes du ketabkhaneh (ateliers du livre) de la cour. Il se détache sur un fond de fins rinceaux floraux formés de petits quadrilobes, de fleurettes et de palmettes. Chaque élément végétal est à son tour ajouré, produisant un effet décoratif saisissant. La calligraphie, bien proportionnée, suit probablement le modèle d'un grand maître en la matière et signe la grande qualité de l'oeuvre. La mention des quatre califes, incompatible avec le chiisme officiel des Safavides, est problématique. Bien que ces plaques soient généralement attribuées à l'Iran safavide, elles pourraient avoir été commandées pour des lieux sunnites. Ce don des Amis du Louvre effectué pour marquer l'ouverture du nouvel espace des Arts de l'Islam est visible dans la vitrine 89 A (Aile Denon, Parterre, Arts de l'Islam).
Don des Amis du Louvre en 2012 pour marquer l'ouverture du nouveau département des Arts de l'Islam.