Irruption de lallégorie dans lunivers de paisible réalisme des Le Nain, le tableau surprend par sa délicieuse incongruité : une toute jeune fille, déshabillée plutôt que nue, la tête inclinée dans la pénombre, se tient debout en équilibre, les pieds posés avec précaution sur le corps étendu dune autre figure féminine, au premier plan dun large paysage vallonné, dominé par un ciel où sétirent des nuages gris. Mais les ailes déployées, le casque emplumé, la palme, la draperie volante, les serpents qui remplacent les pieds de la figure couchée appartiennent bien au langage allégorique. Le sens précis de cette allégorie de la Victoire reste discuté : faut-il la mettre en relation avec un épisode historique précis ? Les jambes en forme de serpents de la jeune fille foulée aux pieds la désignent comme la Tromperie, lIntrigue ou la Rébellion. On reste émerveillé de cette si douce Victoire qui semble présenter son sein et offrir sa palme à sa victime. Le parti très écrit et la symétrie du groupe paraissent, comme le point de vue abaissé, désigner une uvre créée pour un emplacement précis, peut-être un manteau de cheminée. La révélation en 1971 de cet étonnant chef-duvre, identifié par Jacqueline Pruvost Auzas au château de Cheneviery, près de Montargis et vite acquis par le Louvre avec la participation des Amis du Musée et dun donateur souhaitant rester anonyme, constitua un événement. La délicatesse de la lumière et du coloris autorisent à rattacher le tableau à luvre de Mathieu, le cadet des trois Le Nain.
Allégorie de la Victoire
Auteur
Mathieu LE NAIN
Techniques/Materiaux
Toile
Dimension
H. 1,51 m ; L. 1,15 m
Période
vers 1635
Date de l'oeuvre
1636
Département de l'oeuvre
Localisation aile
Localisation salle
2e étage, salle 28
N° inventaire
RF 1971-9
Date d'acquisition
1971
Prix de l'oeuvre
Participation de 1 400 000 F