Taillée dans un bloc de diorite sombre, la sculpture est intacte, y compris le visage miraculeusement préservé. Elle s'impose par sa force et sa sobriété, caractéristiques de l'art du Moyen Empire, période considérée comme l'âge classique de l'Egypte pharaonique. Le traitement du corps par volumes très simples, le siège cubique, le large pilier dorsal contre lequel s'adosse la figure assise contrastent avec la délicatesse du visage et des ciselures notant les fines mèches de la perruque ainsi que les détails des bijoux. Cette femme assise en majesté est une reine comme l'indique le cobra-uréus lové sur son front, et dont le corps ondule au sommet de la perruque ronde décorée d'une large fleur de lotus. L'inscription gravée à l'avant du socle identifie la souveraine : elle se nomme Ouret (« la grande »). Le texte s'accompagne d'une formule d'offrande adressée à la déesse Hathor, « maîtresse du sycomore » et d'une série d'épithètes propres aux reines dont celui de « khénémet néfer hedjet ». Le personnage, épouse de Sésostris II et mère de Sésostris III, est bien connu mais l'on ne connaissait aucune effigie intacte de la reine. Ce chef-d'oeuvre unique vient magistralement compléter la série des sculptures du Moyen Empire conservées au Louvre. Etant donnée l'identité du personnage, c'est un document historique essentiel. Pour l'histoire de l'art, c'est une oeuvre majeure et parfaitement datée. On ne pouvait rêver de célébrer avec plus d'éclat la réouverture du département des Antiquités égyptiennes en décembre 1997.