Le peintre Charles Coypel (1694-1752) accomplit une remarquable carrière de peintre, qui le conduisit jusqu'au titre de Peintre du Roi en 1747. Parallèlement à sa carrière artistique, Charles Coypel développa une abondante production d'auteur de théâtre. Il y renonça finalement au profit de ses activités de peintre. Néanmoins il fut, de tous les artistes de sa génération, celui qui consacra la part la plus importante de sa création à des sujets proprement littéraires, puisant son inspiration dans le grand répertoire théâtral ou dans les livrets d'opéra.Le portrait féminin offert par Marc Fumaroli a été étudié par Thierry Lefrançois dans la monographie de référence qu'il a consacrée à l'artiste. Ce Portrait est aujourd'hui désigné comme celui de « La Manzanelli, chanteuse », mais cette désignation demeure mystérieuse. Il semble bien établi en effet que la jeune femme est représentée parée d'un luxueux costume de scène. À cet égard, le vêtement de brocard, les lourds bijoux, le voile léger et les fleurs qui recouvrent la chevelure s'apparentent aux costumes de scène ou aux « habits de bal » que l'on retrouve sur d'autres peintures de Coypel à la même période. Les collections du Louvre demeurent assez pauvres en portraits d'acteurs ou de chanteurs du xviiie siècle. La donation de ce délicat portrait de femme qui évoque l'univers de la représentation scénique est assurément un enrichissement très bienvenu. L'attitude déclamatoire du charmant et mystérieux modèle féminin est enfin un joli présent consenti par l'éminent spécialiste de la rhétorique classique qu'est le professeur Fumaroli, nous sommes très sensibles à ce subtil et émouvant témoignage de son attachement au Louvre.