De la famille des célèbres banquiers d'Augsbourg qui financèrent l'élection de Charles Quint au Saint-Empire, Anton Fugger prit, à la mort de son oncle Jacob le Riche, en 1525, la tête de la maison. C'est alors qu'il se fit peindre par le portraitiste attitré des Fugger, Hans Maler. Originaire d'Ulm, actif à Schwaz, dans le Tyrol, un des bastions de la fortune des Fugger fondée sur l'exploitation des mines d'argent et de cuivre, cet artiste peu connu mais l'égal d'un Cranach, son exact contemporain, réalisa plusieurs portraits des Fugger et de leurs associés. Anton Fugger apparaît ici, dans cette élégante effigie, comme le lettré qu'il voulait être, lui qui fut en relation avec un humaniste aussi marquant qu'Érasme.Ce chef-d'uvre quasi inédit provient d'une insigne collection française, celle de Victor Martin Le Roy (1842-1918), dont tant d'objets de haute époque sont déjà au Louvre. De Hans Maler, le musée conserve une autre peinture (entrée en 1958 avec le legs Mège), le portrait daté de 1526 de Mathäus Schwartz jouant du luth, qui représentait justement les intérêts des Fugger au Tyrol. Ainsi banquier et collaborateur sont désormais réunis sur les cimaises du Louvre, non loin du portrait d'Érasme peint par Holbein