Révélé à la critique lors de la vente des collections du palais de San Donato à Florence en 1880, le portrait de Pierre Quthe, apothicaire, voisin et ami de François Clouet, alors conservé dans la collection viennoise du Dr Paul R. Kuh, venait d'être publié par Theodor von Frimmel lorsque Etienne Moreau-Nélaton, qui séjournait à Saint-Pétersbourg pour préparer son catalogue des portraits desinés du XVIe siècle de Chantilly, fut averti de son existence à l'Ermitage même, par M. Wesselovsky. Une halte à Vienne sur le chemin du retour le convainquit immédiatement de la rareté et de la qualité patrimoniale de ce portrait et, rentré à Paris, il chargea le peintre Paul Mathey d'en négocier pour lui l'acquisition. L'affaire était conclue quelques semaines plus tard et le portrait, que Moreau-Nélaton méditait de faire entrer soit au musée Condé de Chantilly soit au Louvre, fut rapidement offert à ce dernier par la Société des Amis du Louvre. Rare oeuvre à la fois signée et datée de François Clouet, le portrait de Pierre Quthe, peut-être le plus toscan des portraits connus de ce peintre, est ainsi venu rejoindre l'effigie d'Elisabeth d'Autriche, entrée dès le XVIIIe siècle dans les collections nationales grâce à l'achat de la collection de Gaignières. Tous deux témoignent distinctement des deux pôles de l'art de François Clouet portraitiste, et l'occasion saisie par Etienne Moreau-Nélaton en 1908 ne s'est pas reproduite depuis, preuve de son opportunité.