Ces deux feuillets proviennent d'un livre d'Heures non identifié. Le style des peintures de ces deux pages, offertes aujourd'hui par la Société des Amis du Louvre, permet d'avancer leur attribution à Jean Poyer (ou Poier ou Pohier) (Tours, v. 1445 [?]-Tours, av. 1504), peintre et enlumineur tourangeau, dont l'activité est connue, grâce à des paiements, de 1465 à 1498. Il est aujourd'hui assuré que Poyer a été la figure dominante de l'« école de Tours » après Jean Fouquet (dont il a peut-être été l'élève) et qu'il est l'un des plus grands peintres français du XVe siècle, l'égal pour le moins de Bourdichon, de Jean Hey et de Perréal. Il est manifestement un inventeur sur tous les plans : ceux de l'iconographie et de la composition (comme on le voit dans cette image isolée de l'ange volant les bras croisés), celui du coloris (l'effet d'arc-en-ciel dans les cheveux), celui de l'espace (le vaste paysage sous l'ange) ou encore celui de la construction sophistiquée des architectures (du côté de la Vierge). Les pièces d'aussi haute qualité que ces deux enluminures de Poyer restent exceptionnelles sur le marché et n'apparaissent pas dans les ventes publiques. Avec cette nouvelle acquisition, la Société des Amis du Louvre perpétue sa grande tradition de mécénat en faveur des « Primitifs français » dont elle a engagé le premier investissement pionnier en 1905 avec l'achat pour le musée de Pietà d'Avignon, et qu'elle n'a cessé depuis d'illustrer avec La Suzanne de Bourbon du Maître de Moulins en 1909, un feuillet enluminé de Fouquet en 1921, l'unique dessin du Maître de Moulins en 1957, la Nativité de Nicolas Dipre en 1986, la Visitation de Josse Liefrinxe en 1991, le Christ en croix de Barthélémy d'Eyck...