Ce don de Joseph Assémat-Tessandier, auteur d’une monographie sur l’artiste, redonne à Lagrenée toute la place qui lui revient. Elève de Carle Van Loo, lauréat du Grand Prix en 1749, formé à l’Ecole des Elèves protégés (1750-1753) puis pensionnaire à l’Académie de France à Rome, Lagrenée est reçu à l’Académie royale en 1755. Appelé par Elisabeth Ière comme directeur de l’Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg, il est nommé Peintre de l’impératrice, puis, de retour à Paris en 1761, il enseigne à l’Académie royale, avant d’être nommé, vingt ans plus tard, directeur de l’Académie de France à Rome, de 1781 à 1787. Entre Boucher et David, de cette génération confrontée à la crise du grand genre, Lagrenée préféra la mythologie galante aux grands sujets d’histoire, dans une production de gracieux petits tableaux de cabinet et de dessins allégoriques recherchés des amateurs. Comme Natoire, l’artiste peint la grâce et le nu féminin, dans un souci de perfection formelle, aimant les belles draperies plutôt que l’expression de ses figures, souvent jugées figées. Le premier dessin montre le Temps, sous les traits d’un vieillard barbu et ailé tenant une faux, révélant aux hommes la Vérité, jeune femme dénudée sortant des limbes, accueillie par un berger agenouillé précédant un groupe de femmes et d’enfants. Dans le second dessin, la Justice, sur un char tiré par deux chevaux, l’épée à la main, semble nonchalamment enlever l’lnnocence à la persécution des hommes aux visages caricaturés laissant tomber leur masque. Ces deux dessins sont significatifs de sa manière suave imitée des Bolonais du Seicento, qui vaudra à Lagrenée, dessinateur remarqué, au crayon gracieux et facile le surnom de «L’Albane moderne ».
HM
