Inédite et inconnue des spécialistes, cette Assomption d’une qualité extraordinaire correspond sans doute au dernier élément d’un retable démembré consacré à la vie de la Vierge, dont le Louvre conserve déjà une Visitation, don des Amis en 1991, et une Adoration de l’Enfant. Le revers de l’Assomption représente un saint devant un drap d’honneur en brocart, saint Yves, patrons des gens de justice. Fermé, le retable devait donc donner à voir une merveilleuse galerie de figures devant des brocarts de couleurs variées.
Le retable auquel appartient la nouvelle Assomption est traditionnellement attribué au peintre Josse Lieferinxe, originaire du diocèse de Cambrai et documenté à Aix et Marseille de 1491 à 1505, avant sa mort en 1508. Avec Jean Changenet et Nicolas Dipre, il est l’un des derniers grands peintres de l’École d’Avignon, qui leur doit son ultime éclat à la fin de XVe siècle. Pourtant plusieurs éléments éloignent l'Assomption des autres œuvres données jusqu'ici à Lieferinxe.
Le souffle narratif de la scène plus prononcé, la souplesse dans l’agencement des figures, l’individualisation très virtuose des visages nous invitent à noter dans cette œuvre une réception actualisée des modèles flamands de la fin du siècle. Ainsi est-il tentant de prononcer le nom du mythique Jean Changenet originaire de Dijon et actif de 1485 à 1595 à Avignon auquel pourrait être attribué l'Assomption et l'ensemble du retable. Avant d’en savoir plus, c’est d’abord l’intensité des liens entre Bourgogne et Provence, participant pour Sterling d’une même « École du Rhône », que cette œuvre nous invite à observer.