Sculptée dans un marbre dont les grains font penser aux carrières des Cyclades, cette Tête est le fragment d’une statue de cheval de grandeur naturelle, étroitement apparentée par sa matière et son style à quelques monuments équestres que conserve le musée de l’Acropole à Athènes. Brisé à l’encolure, le morceau préserve la noble forme de l’animal, sans qu’aucune mutilation en interrompe l’harmonieux dessin. Le genre du monument équestre apparaît comme une spécialité des sculpteurs en activité à Athènes dans la dernière période de l’archaïsme : outre le sanctuaire de l’Acropole, celui d’Éleusis a abrité des statues de chevaux, tandis que les nécropoles du Céramique et de Vari montrent que le sujet pouvait être utilisé dans un contexte funéraire. Exécuté vers 55 0 avant J.-C., le premier de tous est le fameux groupe du Cavalier Rampin, partagé entre l’Acropole, où sont conservés d’importants restes d’un cheval ainsi que du torse de celui qui le montait, et le musée du Louvre, auquel Georges Rampin légua une tête masculine à la fin du xixe siècle appartenant au torse de ce cavalier. Les autres exemples se répartissent dans les dernières décennies du vie siècle : la Tête de cheval du Louvre doit être placée vers la fin de la série, autour de 5 00 avant J.-C.
Alain Pasquier